mercredi 20 octobre 2010

Emile Jean LACOMBE

Enfant de Troupe
C'est à Cancon, petit village du Lot et Garonne près de Villeneuve sur Lot que naît Emile Jean LACOMBE, le 28 mai 1891, fils de Jean Joseph LACOMBE & de Marguerite LOLMEDA. Jean Joseph est originaire de Cazes-Mondenard (env. 20 km de Moissac) où il est né le 11 novembre 1857.

Insigne EMP Autun
Emile devient "Enfant de troupe à l'école militaire de 1ere Cavalerie". (source : fiche matricule). L'Ecole Militaire Préparatoire(EMP) qui assure à l'époque la formation des futurs cavaliers est à Autun en Saône et Loire.  Elle est réservé aux fils de cavaliers de 13 à 18  ans pour qu'ils deviennent sous-officiers de Cavalerie.

Les candidatures pour devenir "enfants de troupes" peuvent être déposées par leurs parents (ou tuteurs) dès l'âge de 2 ans. Le père de l'enfant doit être lui même un soldat, caporal ou brigadier, sous-officier, officier jusqu'au grade de capitaine, officier supérieur s'il est décédé ou en possession d'une pension. Le père d'Emile est Gendarme. Un médecin s'assurera que l'enfant a eu la petite vérole (ou en a été vacciné) et qu'il n'est atteint d'aucune infirmité qui pourrait l'empêcher de signer l'engagement volontaire après ses 18 ans.  Le parcours militaire du père, la situation familiale sont pris en compte pour la "cotation" de l'enfant et son admission.

Une fois admis, Les enfants deviennent officiellement "enfant de troupe". Entre 2 et 13 ans, ils sont laissés dans leur famille jusqu'au moment de leur mise en route vers les EMP. La famille perçoit une allocation annuelle, elle s'engage à ce que l'enfant ait une éducation convenable et obtienne le certificat d'études primaires élémentaires (obligatoire pour l'entrée dans une EMP). Mais d'ores et déjà, les enfants bénéficient d'avantages réservés aux militaires tel que les réductions (ou la gratuité) des voyages en chemin de fer et les soins médicaux pris en charge par le Département de la Guerre lors d'hospitalisation.

C'est donc à 13 ans révolu en octobre 1904 que Emile Lacombe a du faire son entrée à l'EMP d'Autun.
A 18 ans, il a obligation de signer un réengagement de cinq ans (1909-1914) sous peine de devoir rembourser la moitié des allocations versées à sa famille depuis qu'il est enfant de troupe. En 1901 cette allocation était de 100 FR/an pour les enfants entre 2 et 5 ans, 150 FR/an de 5 à 8 ans et 180 FR au dessus de 8 ans. (1).  
En 1911 Emile Jean LACOMBE est recensé à Montauban (82) matricule 1041. Il mesure lors de ses classes 1m61 et possède une instruction de 3e degrés. 

Insigne 9e Régiment de Chasseurs à Cheval
Le jeune Emile qui choisit la carrière militaire continue donc son parcours. Le 28 mai 1914, libéré de son engagement auprès de l'EMP, il est affecté au 9e Régiment de Chasseurs de Auch, à quelques heures de Moissac, à cheval comme en  train (Moissac - Toulouse - Auch). La ligne (voyageur)  par Agen est fermé depuis 1870 (*)

En l'absence d'une fiche matricule complète, son parcours militaire est durant le conflit difficile à préciser. Les dossiers à Fontainebleau me sont pour l'heure difficiles d'accès. Seul les journaux de marches peuvent m'orienter.  Heureusement, ceux ci nomment souvent les soldats gradés.

Entre août 1914 et février 1917, le 9e régiment de Chasseur a participé à des missions de reconnaissances  en Argonne dès le 8 août 14 et à la Bataille de l'Yser (octobre 14). La cavalerie joue un rôle important au début du conflit mais face à une guerre moderne, elle "s'écroule", épuisée. Les Hulans allemands refusent de combattre baissent les sabres et restent près de leur armée. Les cavaliers français se retrouvent alors face aux mitraillettes. Encore affublés de pantalons garance rouge vif,  ils sont devenus de belles cibles pour l'ennemi.
Le conflit prend une nouvelle tournure, chaque camp fini par "rester" sur ses positions et débute alors une guerre de tranchées. Le gouvernement demande aux cavaliers de quitter leur monture et de rejoindre ces tranchées.

Un cavalier dans l'infanterie
28 février 1917 (JMO page 9/103 - 86e Régiment d'Infanterie)

"Le sous lieutenant Lacombe, venant des sous-officiers de cavalerie rejoint le corps il est affecté à une Cie du dépôt divisionnaire"
Il sera rejoint dans les jours suivants par les sous-lieutenants Petit et Allaire, issus eux aussi des sous officiers de cavalerie et affectés dans une Cie du dépôt divisionnaire. Le régiment est alors stationné en Picardie dans le secteur de Lassigny, Canny-sur-Matz, Fresnières. Chaque jour l'artillerie allemande bombarde les positions, chaque jour on note sur les JMO des évacués (malades) et parfois des blessés. Régulièrement on note les citations des soldats, médailles militaires, croix de guerre avec palme, la plupart revenant au front après une blessure grave survenue quelques mois auparavant.Le 15 juin, les combats sont très violents. Le régiment est plus au Nord de Granvilliers (60)

"L'artillerie ennemie manifeste une assez grande activité : 120 obus au total en majeur partie du 77 ou 105".   "Assez grande activité de l'aviation à partir de midi». "Nombreux tirs de l'artillerie Française et Allemande malgré les avions". "Evacués : Néant"
Le 16 juin, la "journée est calme" - " importante activité de l'aviation" selon le Journal de Marche. 2 soldats sont évacués "dont le sous lieutenant Lacombe de la 11e Cie". 


Emile Jean LACOMBE décède 4 jours plus tard le 20 juin 1917 dans l'Ambulance 1/152 cantonnée à  Guiscard (02), des "suites de maladies contractées en service. Il est âgé de 26 ans. L'expédition de l'acte de décès est rédigé par :

  •  MORAND Emile, officier d'administration de 3e classe du service de santé, gestionnaire de l'ambulance 1/152.
  • CHALUMET Louis Jouanny, âgé de 30 ans, sergent infirmier à l'ambulance 1/152 (**)
  •  MICHALLET Antoine, âgé de 36 ans, soldat infirmier à l'ambulance 1/152
Il est inhumé dans la Nécropole Nationale De NOYON (60) Carré F tombe 117.
L'acte est légalisé par le ministère de la guerre le 26 août 1917 et  transcrit le 8 septembre 1917 à Moissac où ses parents sont toujours domiciliés.

Son père, Jean Joseph LACOMBE décède le 27 juillet 1921 à son domicile du faubourg Ste Blanche à Moissac.

Moissac (Tarn & Garonne) - Centre ville
(*) Sa réouverture est en 2010 à l'ordre du jour (pour rejoindre la future ligne TGV Bordeaux-Toulouse)
(**) Louis Jouany Chalumet, né le 15 février 1887 à la Chapelle du Mont de France (71) meurt accidentellement en service commandé  le 8 juillet 1918 à l'H.O.E 21/1 de Mons s/Moselle. Il est alors Adjudant à la 8e Section d'Infirmiers. (Source : fiche SGA Mémoire des Hommes). 

Sources :
SGA Mémoires des hommes (JMO 9e Régiment de Chasseurs - 86e Régiment d'Infanterie)
Photos insignes : Wikipédia.
Etat civil : acte de naissance du père (archives en ligne du 82), acte de décès du père, acte initial de décès et transcription pour Emile Jean LACOMBE : Mairie de Moissac (82)
 (1) Bibliothèque Gallica Instruction du 10 octobre 1901 (Edition 1906)

Merci aux bénévoles du forum "Pages 14-18" pour leur aide et leurs conseils.

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