samedi 4 décembre 2010

Clément GOURGUES

Fiche Matricule à la Loupe.

Le cheveu et les sourcils blonds, yeux gris, front et menton rond, nez moyen sur un visage ovale, 1m63, voilà le signalement du jeune conscrit de 20 ans, Clément GOURGUES, surnommé Armand.
Numéro de Matricule 33, classe 1898. Le jeune homme sait lire, écrire et compter (« degré d’instruction 3 ») il est domestique-cocher à Le Houga près de Nogaro dans le Gers.

Orphelin de père, « feu Etienne », fils ainé de Madeleine CAPDEVILLE et donc soutient de famille, il est "bon" pour une dispense (art 21 loi du 9 juillet 1889) et ne fera donc qu’une seule année de service militaire au lieu de trois.
Le 14 novembre 1899 il est incorporé au 34e Régiment d’Infanterie, tout près de sa famille  à Mont de Marsan. Il retournera à la vie civile le 22 septembre 1900, avec son certificat de bonne conduite.

Mais il n’en a pas pour autan finit avec le service armée. Le service militaire dure au total 25 ans. Jusqu’à l’âge de 45 ans, il est appelé à effectuer des exercices. Toujours au 34e RI il effectue 4 semaines du 21 août au 17 septembre 1905 puis 2 semaines du 25 septembre au 7 octobre 1908.

Tout cela est semble-t-il bien loin de Moissac…
Sa fiche matricule nous informe également de ses adresses successives. Obligation est faîte au jeune homme de s’inscrire à chaque déménagement auprès de la subdivision de sa région.  

 St Cricq – Villeneuve dans les Landes, commune qui l’a vu naître et où vit probablement encore sa mère, à une quinzaine de kilomètre de Mont-deMarsan

Vazerac, canton de Molière, Tarn et Garonne.

Je connais très bien ce petit village où j’y ai passé une partie de mon enfance. Vazerac. son église romane au clocher carré dédié à St Julien (XIIe siècle) ; sa petite place où la vieille Germaine sautait encore le feu de la St Jean à plus de 70 ans (c’était il y a  35 ans et en ce temps là, à 70 ans, on était très vieux) !... La Lupte, petit cours d’eau, à sec en été, mais qui inondait chaque hiver le bas du village et mettait notre boulanger et son voisin le garagiste dans le même pétrin ; Sa fête le dernier week-end d’Août ; et son château, inaccessible (propriété privé), masqué par la végétation (seul le toit d'une tour est visible) .... féérique dans l’imagination des petites filles.
Nous ne sommes plus très loin de Moissac……
Les registres d’état civil de Vazerac, en ligne, m’ont permis de retrouver une naissance, GOURGUES, Madeleine, le 22 avril 1906.  A noter un bref retour à St Cricq Villeneuve en 1909, juste deux mois avant la naissance de son fils François le 21 juin. La famille se réinstalle dans les communs du château de Blauzac en 1910.
Le 1er octobre 1912, à 34 ans, il passe dans l’armée territoriale. Affecté (administrativement) au 141e Régiment d’Infanterie Territoriale.


« Rappelé à l’activité en vertu du décret du 1er août 1914 (mobilisation générale), arrivé au Corps le 4 Août 1914 ».  Clément GOURGUES a alors 36 ans. Il est marié à Léontine DEPOUY (x 20/10/1903 Le Houga),  père de Madeleine 8 ans et de Francois 5 ans. Sa famille est peut-être rassurée : il ne devrait pas être en première ligne.

Le 28 août 1914 le 141e  RIT (avec la 92e Division d’Infanterie Territoriale) quitte Bordeaux,  en train pour Paris puis cantonne à l’Est de la Région Parisienne (secteur Mitry-Mory), et travaille avec les compagnies de génie à l’installation des avant-postes et aux tranchées, très loin des premiers combats où les premiers moissagais ont déjà perdu la vie (22 août).
Considérés comme trop âgés et pas assez entraînés, les « territoriaux » sont - au début du conflit - utilisés  pour assurer les nombreux services annexes au champ de bataille, de la simple surveillance des gares aux travaux de terrassement et d’aménagement des tranchées.

Devant les trop nombreuses pertes subies sur les champs de bataille, les plus jeunes des territoriaux sont réaffectés dans les armées dites « d’active » et se retrouvent en première ligne. Le 20 février 1918, âgé de 39 ans, Clément est d’abord transféré au 112e RI puis immédiatement (le 5 mars) au 307e Régiment d’Infanterie, régiment de réserve du 107e RI.
Mais déjà trois hivers dans l’enfer du nord. Les organismes souffrent.  Les nombreuses maladies dues aux conditions de vie dans les tranchées, au manque d’hygiène, à  une mauvaise alimentation, emportent un grand nombre de soldats. Tuberculose, pneumonie, angine, grippe et bientôt celle que l’on ne nommera pas encore « Grippe Espagnole »

Clément GOURGUES né le 7 novembre 1878 à St Cricq-Villeneuve dans les Landes, décède le 30 septembre 1918 à l’hôpital d’Evacuation B52 stationné à Coincy dans l’Aisne, des suites de maladie contractée en service commandé, « Mort pour la France ». 
Son acte de décès sera retranscrit le 12 août 1919 à Moissac (son dernier domicile légal). Son épouse et ses enfants y sont installés depuis 1918.


Un grand merci à Danielle B. du Fil d'Ariane des Landes pour la fiche matricule de Clément GOURGUES
Merci à Michel LACAMOIRE, petit-fils de Clément GOURGUES pour les informations complémentaires sur sa famille et son message de soutient, ainsi que pour la photo ci dessous.

Clément GOURGUES

Sources :
Fiche matricule : AD Mont de Marsan. Bénévole FDA40
Recherche sur Article 21 "dispense ainés des veuves" : Bibliothèque Gallica.
Acte initial de décès du 2.10.1918 : Mairie de Moissac
Journaux de marches (92e DIT) - Fiche soldat Mort pour la France : SGA Mémoire des Hommes
Famille : Michel LACAMOIRE

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