samedi 14 janvier 2012

Elie FERRIE, 20 ans

Elie Jean FERRIE est né le 16 août 1898 à Moissac, premier enfant de François & de Antoinette Marie MASSIP, tout juste mariés 9 mois plus tôt le 2 novembre 1897. Son père et son grand-père Jean FERRIE sont tisserands.
Mes recherches dans l'état civil ne m'ont pas permis de retrouver d'autres enfants pour ce couple. En revanche, les familles FERRIE sont très nombreuses dans Moissac, et les deux autres soldats, Auguste et Joseph FERRIE également inscrits sur le Monument de Moissac en sont probablement issus. (recherche en cours). 

En 1914, Elie a 16 ans. Il sera mobilisé en 1917. Il porte le numéro 626 au recrutement de Montauban, Cheveux noirs, yeux marrons, 1m68, il arrive au 15e Régiment d'Infanterie d'Albi le 1er mai 1917. Sa fiche matricule ne précise pas la durée de son instruction. Mais l'on peut supposer un premier contact avec le front dans les 3 mois qui suivent.

Verdun

L'été 1917, le 15e RI est en Argonnes. Le jeune Elie, 19 ans, se retrouve au plus près de la bataille de Verdun. Cumière, le Mort-Homme, Béthincourt...  Le  JMO note de nombreuses "journée calme", alternant avec d'autres journées "à grande activité de l'artillerie" ou "de l'aviation ennemie". Les pertes sont notées, quelques blessés et tués ainsi que des évacuations. Le 15e semble effectuer de nombreuses patrouilles.

Les Vosges (oct 1917-mars 1918)

Début octobre, Le régiment quitte le secteur de Verdun. Il se repli d'abord sur Villers en Argonne, puis par chemin de fer rejoint  Cerre les Noroy en Franche Comté. A la fin du mois, passant par Belfort, le Régiment se porte dans le secteur d'Aspach.
L'hiver est rude dans les Vosges, les mouvements du 15e sont souvent retardés ou rendus très difficiles . Ainsi on peut lire le 25 décembre :
"Le départ primitivement fixé à 8 h est retardée en raison de la rigueur de la température. La soupe est mangée avant le départ. La marche est rendue très pénible par la neige tombée en grande abondance pendant la nuit & par le verglas."
Durand plusieurs semaines, le journal des marches et opérations ne notent aucune perte. Les hommes s'installent, les compagnies prennent position "au violu", "Grandegoutte", "coq de bruyère".

En janvier 1918, une lettre du Général CABAUD Commandant la 166e Division au Lieutenant Colonel Commandant le Régiment nous renseigne sur le travail et les conditions pénibles pour les hommes :
Je ne peux pas laisser partir le 15e RI du secteur de la 166e DI sans vous exprimer toute ma satisfaction pour la bonne tenue de votre Régiment, le zèle avec lequel les cadres ont pris connaissance du secteur, la bonne humeur, l’entrain que j’ai été à même de constater chez tous.
Je vous remercie également de l’ardeur mise par vos hommes à entretenir le secteur qui leur était confié et à maintenir les communications avec l’arrière, malgré les conditions atmosphériques particulièrement pénible. 14 janvier 1918. N°1647/3"

Elie passe au 147e Régiment d'Infanterie le 10 mars 1918.
Retour à Verdun (mars-mai 1918)

Insigne régimentaire
Le 13 mars, le JMO du 147e note  la "réception d'un renfort de 3 sergents, 5 caporaux et 85 hommes". Il stationne en Champagne Ardenne près de Heiltz-l'Evêque. Il s'apprète à rejoindre le secteur de Louvemont-Côte-du-Poivre (Meuse).
Notre jeune Elie se retrouve en première ligne, tout près de Verdun. Le 23 mars, il est intoxiqué par Ypérite avec des manifestations occulaires et pulmonaires. Les JMO retrace ainsi l'attaque :

« L’artillerie ennemie est assez active. Le ravin de Neuville reçoit des gaz par rafales courtes et violentes. A 23 h 20, un avion ennemi survole le secteur, à très basse altitude, au-dessus de la côte 378 ; la lune lui permet de voir des travailleurs (une Cie du 120e) qui sont en chantier sur cette côte. Quelques minutes après, un violent tir percutant et toxique est déclenché sur eux et les oblige à se réfugier en partie au PC Montsapin. »
Elie Ferrié se trouvait donc probablement dans le ravin de Neuville, avec la 11e Cie (carte sur JMO du 18 au 29 mars).  Les tranchées ennemis sont à moins de 100 m. Du 17 au 29 mars, le 147e déplore 12 tués, 1 disparu, 195 blessés. Durant des semaines, les tirs de gaz ennemis touchent les lignes francaises faisant de nombreux blessés, répertoriés dans les JMO.

Les semaines s'écoulent d'une relève à une autre. Tantot en première ligne, tantot aux abris à l'arrière ou en permission à Verdun, les soldats profitent de ces moments pour écrire à leur famille, envoyer des cartes postales. Ils sont jeunes et en vie. Mais profitent-ils bien de cette vie ?.

Les 15 et 16 mai, le régiment quitte le secteur de Verdun. Après quelques jours de repos, il rejoint par chemin de fer la Marne, Grand-Rozoy (au Nord de Chateau Thierry) où il cantonnent le 28 mai.

Aux Portes de Paris (mai - juin 1918)

Les allemands lancent une dernière offensive dans l'Aisne. Le 147e rejoint les autres unités sur place et tentent de repousser l'ennemi. Ils sont au nord de Lizy sur Ourcq, au dessus de la Marne, objectif des troupes allemandes. Les combats sont rudes. En 10 jours, le régiment annonce d'importantes pertes : 48 tués, 682 disparus, 234 blessés. ! Le 6 juin le régiment est relevé et cantonne aux arrières, occupé désormais dans les travaux de défense. Apparaît alors dans les JMO de longues listes de soldats cités à l'ordre du Régiment, Croix de guerre et Médaille militaire.
Toute la Division (4e) installe et organise la 2e position, près à contre-attaquer si besoin. Les hommes soufflent un peu.. Le 13 juillet, La division fait mouvement vers Rebais (30 km au sud) puis Verdon dans la Marne. Le 147e s'installe au nord du bois de Rougis.

Le Bois Meunière (31 juillet 1918)- Champvoisy- Marne

Les combats sont plus au nord, prés de Dormans, et en bord de Marne. Jusqu'à ce matin du 31 juillet.
Le 18e BCP, 9e BCP et 147e RI sont de la partie. Le combat durera la journée, mais le Bois Meunière reste conquis, au prix d'énorme sacrifice. Le 147e RI recevra pour cet acte sa seconde citation à l'ordre de l'Armée.   

« Superbe Régiment, plein d’entrain et d’allant.  Le 31 juillet 1918, sous les ordres du Lt-Colonel Lanusse, s’est emparé d’un bois puissamment défendu par de nombreux nids de mitrailleuses. Sans souci de ses pertes, a progressé de trois kilomètres, capturant plus de 300 prisonniers, 63 mitrailleuses et 4 canons d’accompagnement, déterminant par son audacieuse marche en avant, celle de tous les éléments des unités voisines . 24 août 1918, signé : Pétain. » 
Elie Jean Ferrié est Mort pour la France ce 31 juillet 1918, au Bois Meunière, à quelques jours de ses 20 ans. Il repose au cimetière de Moissac. Sa tombe, recouverte de gravillons, entourée de fer forgé ressemble à un petit jardin où pousse quelques vivaces.
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Concernant le parcours du jeune Elie Jean Ferrié, seules quatre dates figurent sur sa fiche militaire. Le 1er mai 1917, les 10 et  23 mars 1918 et le 31 juillet 1918. Le reste relève du parcours du 15e RI et du 147e RI où il était affecté. Mais la vie d'un régiment c'est surtout celle de ces soldats et si l'on ne peut jurer qu'Elie était à tel combat, il était certainement du suivant....
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Liens : Ce voyage dans le passé m'ayant améné autour de Verdun, voici un blog très intéressant et complet. Verdun - Bienvenue en Meuse
Une visite également sur le blog du 147e Régiment d'Infanterie 

Sources :
Archives Départementales de Montauban : Fiche matricule
Site SGA Mémoires des hommes : JMO du 15e et du 147e RI.
Cimetière communal avenue de Montauban - Moissac

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