mercredi 6 juin 2012

Jean ADOLPHE (1889-1914)

Une FAMILLE


En tête de liste, ordre alphabétique oblige, on peut lire ADOLPHE Jean.  Un prénom pour un nom.
En tête de lignée, c’est le grand-père de Jean qui porte pour la première fois ce patronyme. ADOLPHE Jules, enfant trouvé le 16 mars 1823 dans le tour de l’Hospice de Moissac par Jean Baptiste CAYROU, secrétaire de l’hospice. La description des effets portés par l’enfant ne permettent pas son identification.   
« Il est enveloppé dans une toile de chiffon si vieux et si mauvais qu'il est impossible de le décrire. Sans autre effet ni marque qui puissent le faire reconnaître de suite, nous l'avons inscrit et enregistré sous le nom d'Adolphe Jules et avons ordonné qu'il fut rapporté audit hospice pour y être élevé conformément aux lois et règlements".
A l’âge de 28 ans, Le 10 mai 1851 Jules ADOLPHE épouse Elisabeth ROUCHI âgée de 23 ans, dont il aura tout d’abord  deux fils, Antoine (1852) et Jean (1855). Jules, Scieur de long, décède à l’âge de 35 ans, le 8 mars 1859. Un mois plus tard, le 17 avril, son épouse met au monde leur dernier enfant, Marie Elisabeth.  Les trois enfants portent le patronyme d’ADOLPHE.
Antoine et Jean épousent à Moissac deux sœurs Marie et Julie NEGRE
Cadillac 1903
Antoine ADOLPHE et  Marie NEGRE se marient le 13 mai 1876 et auront 5 enfants.
1.      Anna le 3 mai 1877
2.      Léon le 26 décembre 1882
3.      Marie le 10 mars 1886
4.      Jean le 28 juin 1889
5.      Alfred le 17 avril 1895
Pour le couple Jean et Julie NEGRE, je trouve deux enfants, Antonia née en 1880 et Antoine né en 1884.
 

C’est Jean Adolphe né en 1889, Chauffeur d'automobile, notre soldat inscrit sur le MAM de Moissac.  

En 1909, âgé de 20 ans, il passe son conseil de révision. Cheveux, sourcils et yeux châtains, visage ovale, 1m72, le jeune Jean est domicilié à Narbonne où il exerce la profession de Chauffeur d’automobile. (1)  On retrouvera dans l’Aude deux autres membres de la famille : Léon le frère aîné, et Antoine, leur cousin.  
Jean incorpore le 23e Régiment d’Artillerie de Toulouse  le 3 octobre 1910. Canonnier de 2e classe servant, il passe Maître pointeur le 24 septembre 1911. Envoyé dans la disponibilité le 25 septembre 1912, certificat de bonne conduite en poche, il se retire à Moissac.
Coté famille :  
- Anna c’est mariée en 1898 à Moissac avec Victor PECAL.
· Léon a épousé à Lézignan, Marie BERGANE en 1908
· Antoine, leur cousin, a épousé en 1911 également à Lézignan Victorine PAGES.
· Le plus jeune des frères, Alfred, décède à Moissac à l’âge de 16ans, le 12 juillet 1911.
· Jean ADOLPHE se marie à Blaye en Gironde le 26 avril 1913 avec Marie Valentine MAZAN
En 1914, Réserviste,  Jean fera 15 jours au 23e RAC, du 26 janvier au 17 février. Puis ce sera la mobilisation. La fiche matricule  mentionne simplement :
 
« Arrivé au corps le 3 août »,  puis  « Tué à l’ennemi le 20 décembre 1914 à Somme-Suippe – Marne  ».

Le RÉGIMENT
Insigne militaire
(photo Ebay)
Le 23e Régiment d’Artillerie stationne en 1914 à Toulouse. Il est composé de 9 batteries de 75 soit 36 canons. Durant ce conflit, ce canon deviendra un véritable symbole de la lutte contre l’Allemagne,  des poèmes seront publiés à sa gloire ainsi que de nombreuses cartes postales.  Même les « bons points » distribués dans les écoles primaires deviennent patriotiques « au glorieux 75 ». 
On trouve aujourd’hui un site internet, « le canon de 75 » Hélas la dernière mise à jour date de 2004, et les liens pour prendre contact ne semblent plus fonctionner. Site à visiter !!
Carte à la Gloire du 75
 (Site le Canon de 75)
Jean ADOLPHE faisait partie de la 7e batterie, 2e Compagnie. Le 8 août au petit matin, le régiment part pour un voyage en train qui durera près de 60 heures et qui les mènera à Troyes. Commence alors les longs déplacements vers le Nord. Le 15 août, ils aperçoivent leur premier avion allemand. Fin août, lors de la bataille de Bertrix, la 7e batterie est en situation de surveillance à une quarantaine de kilomètre au sud.
Début septembre, c’est la retraite vers la Marne où le 6 débute la première grande bataille du groupe, les JMO constate les premiers blessés. Ainsi le  8 septembre on note : Plusieurs hommes sont blessés, au menton, au ventre (légèrement), on signale des brûlures au visage, des blessures à l’épaule ….le  servant signaleur BAYLE est tué.   
«…Toute la journée, la batterie essuie un feu violent de l’artillerie ennemie »
Dans les jours qui suivent, on repousse l’ennemi. Le 13 septembre, le groupe bivouac à Somme-Suippe. Dans quel état physique et psychique sont alors ces hommes, confrontés pour la première fois depuis quelques jours, à la véritable bataille, à la mort. La peur devait déjà être leur lot quotidien mais n'empêchait pas la bravoure. Le Maréchal Ney (1769-1815) disait un siècle plus tôt :

          « celui qui se vante de ne jamais avoir eu peur est un jean foutre ». 

Comme dans la plupart des Journaux des Marche et Opérations, j’y ai lu  les blessures et morts des soldats, les promotions aux grades supérieurs, les mutations.  Mais faits inattendus (pour un lecteur du 21e siècle), les chevaux aussi y sont nommés,  Ils n’y sont pas seulement dénombrés, mais inscrits tout comme le sont les soldats.
10 novembre - le Cheval Malo meurt
18 novembre - le cheval Pernot Meurt

Le 20 décembre 1914 – Cote 304- 3km Nord de  Somme-Suippe. (Marne)

« Nous prenons l’offensive. La batterie a une mission spéciale, et change de position pour aller s’installer à la droite du 1er groupe ; (1er emplacement du 1er groupe). A 8h elle ouvre le feu avec des explosifs à fusée sans retard, et détruit les réseaux de fil-de-fer. A 9 h 45, le canon de la 3e pièce éclate tuant le maître pointeur MONTIES, le tireur ADOLPHE, et blessant légèrement le déboucheur PIPY. La pièce est complétement détruite. ».
Acte initial de décès
L’acte de décès initial, rédigé par le 23e Régiment d’Artillerie et portant la mention « Mort pour la France », sera expédié au ministère de la Guerre pour « légalisation de la signature» et transmis à la mairie de Moissac. La transcription y sera faîte le 26 juillet 1915. On retrouve aujourd’hui inséré dans le registre des Décès de Moissac, l’original de l’acte de décès.
Le 20 octobre 1915, le dépôt du 23e RAC paye à sa veuve un secours de 150 Francs. J’ignore pour l’instant si le couple a eu un enfant. (2)
Le corps de Jean ADOLPHE a été rendu à sa famille et il repose auprès de son frère Alfred (1889-1911) et de sa sœur Marie (1886-1921) au cimetière communal de Moissac, avenue de Montauban.
Leur père, Antoine ADOLPHE y sera inhumé en 1934.

*****
Sources et Information
(1) General Motors créé la marque en 1902, en hommage au fondateur de la ville de Detroit et Gouverneur de Louisiane,  Lamothe-Cadillac, originaire de St Nicolas de la Grave à quelques kilomètre de Moissac. Visiter le site.
(2)   Entre 1891 et 1915, le site généalogie.com recense :
a.       2 naissances ADOLPHE dans l’Aude (il peut s’agir d’enfant du frère ainé ou du cousin.
b.      1 seule naissance dans le Tarn et Garonne (Alfred en 1895)
c.       3 naissances dans la Gironde lieu d’origine de l’épouse de Jean, mais le couple ne semble pas y avoir séjourné.
Ø  Archives Départementales de Montauban (Fiche matricule)
Ø  Site en ligne des Archives Départementale de Montauban (Généalogie)
Ø  Mairie de Moissac (acte initial de décès et transcription)
Ø  Site SGA MdH (JMO du 23e RAC) et fiche Mort pour la France

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