samedi 7 juillet 2012

Nicolas SWETOZAR (1893-1916)

De Serbie en Macédoine


Yovanovitch  Jean SWETOZAR est né en Serbie à Belgrade le 6 décembre 1893. Journalier à Moissac, il passe au conseil de révision avec sa classe en 1913.  Son  niveau d’instruction à 3 nous indique qu’il est en France depuis suffisamment longtemps pour savoir parler, lire et écrire le Français. Les documents retrouvés ne mentionnent pas les parents, ni la date d'une éventuelle naturalisation (né serbe ou français ?).

Insigne du
 7e Régiment d'Infanterie

Jean Vincent dit Nicolas, matricule 853 au Registre de recrutement de Montauban.  Il mesure 1m70 et est décrit « cheveux châtain foncé, yeux châtain, front fuyant, nez vexe, visage large ».  Inscrit sous le numéro 86 de la liste du canton de Moissac. Classé dans la 1ère partie de la liste en 1913.
Incorporé le 27 novembre 1913 au 7e Régiment d’Infanterie de Cahors, la mobilisation du 1er août 1914 le trouve encore sous l’uniforme.
Le 5 août 1914, le régiment quitte Cahors par chemin de fer. Il y a foule sur les quais, la population enthousiaste accompagne le départ des soldats. On parle de revanche, de victoire et d’un retour rapide dans les foyers.  Jean SWETOZAR est loin d’imaginer qu’il reverra sa terre natale.
Le voyage est long jusqu’à la frontière Belge que les soldats passeront le 20 août. Installés aux avant-postes à Herbeumont, les hommes entendent au loin le grondement du canon. La guerre est là. Le 22 août  l’ordre d’attaque est donné.

« Aujourd’hui 22 août, à 6 heures du matin, l’armée française prendra l’offensive, elle attaquera l’ennemi partout où elle le rencontrera ».
Je ne reprendrai pas ici, tout l’historique du 7e RI, mais rappellerai simplement les premières batailles auquel notre soldat Jean Yovanovitch SWETOZAR, 21 ans, a pu participer. Vous pouvez consulter les sites du Chtimiste, mais également celui des Historiques des Régiments en ligne, de Jean Luc DRON.  (Lire Le tableau d’honneur du 7e RI)

Après la Bataille de Bertrix (22 août) Les combats continuent à faire rage  à Angecourt et Thélonne (27 août).  Malgré tout, les régiments reculent, laissant villes et villages détruits, incendiés et des milliers d’hommes morts ou disparus. Commence la retraite vers la champagne. Les hommes sont exténués, ont faim et soif, mais ils avancent. Se regrouper, se reformer, et combattre à nouveau, c’est leur motivation. Ils marchent avec les longues files de réfugiés, fuyant l’avancée allemande.   Tandis qu’au plus près des combats la population fuit, les journaux du sud, comme la Dépêche, se veulent rassurants. Elle  titre  le 27 aout « Les allemands ont perdu plus d’hommes que nous »  -  « une partie de la cavalerie allemande anéantie »…..
Dans les régiments aussi, on veut encourager, motiver, aller de l’avant.
Au moment où va s’engager une bataille
Dont dépend le salut de la Patrie
Personne ne doit plus regarder en arrière.
Une troupe qui ne peut plus avancer
Doit se faire tuer sur place
Plutôt que de reculer.
Le Généralissime : J.JOFFRE

Quelques jours après ce communiqué, commence la 1ère bataille de la Marne qui mènera à la première grande victoire des troupes françaises.
Jean SWETOZAR continuera son parcours avec le 7e Régiment jusqu’au 2 juin 1915. Il passe alors au 176e Régiment d’Infanterie, Régiment nouvellement formé le 21 mars et faisant partie de la 3e Brigade de l’Armée d’Orient.


Le Polynésien
 C’est à Marseille que le 176e embarque pour les Dardanelles. Six  bateaux quittent le port entre le 8 et le 15 mai 1915 pour un voyage qui durera 6 à 7 jours. Jean SWETOZAR part probablement à bord du Polynésien le 11 mai et débarque le 16 mai à Seddul Bahr,  à l’extrême sud de la presqu’il de Gallipoli.  Très vite, les hommes se retrouvent au contact de l’ennemi. Ils découvrent une contrée aride, difficile. Le régiment ne prendra de repos qu’à partir du 28 mai.
Lorsque les combats reprennent c’est souvent au corps-à-corps, baïonnette au fusil.  Au côté des Anglais, ils luttent contre les Turcs, sans pitié de part et d’autres.
Jean SWETOZAR est au 2e bataillon, 6e compagnie.

l'Europe en 1914
 Après les Dardanelles,  le 30 septembre le 176e RI quitte la Turquie et est envoyé en Macédoine (Serbie). Notre soldat Moissagais retourne près de ses origines, le régiment passe par Salonique, puis débarque mi-octobre à Stroumitza où il est reçu par le Lieutenant-Colonel Serbe DIMITRIOVICH, commandant le secteur.
Le voilà donc au côté des siens, combattant sur ses terres d’origines, sous l’uniforme français et allié du Royaume de Serbie.
Un an plus tard,  le 14 septembre 1916, notre jeune soldat de 23 ans sera tué à l’ennemi à Aitos en Macédoine (Grèce aujourd’hui).  Yovanovitch SWETOZAR, naturalisé Jean Vincent, surnommé Nicolas, repose désormais dans les contrées qui l’ont vu naître.
Sur son chemin, il se sera arrêté quelques temps à Moissac où son nom est gravé au Monument : « SWOTZAC » Mais ses amis le  prénommaient « Nicolas ».
Inscription - Monument au Morts de Moissac

 
Sources : 
POLYNESIEN – Site Encyclopédie des Messageries Maritimes.
Photo du Polynésien : Site Cartes postales anciennes.
Carte Europe de 1914. LECLERC, Jacques - Traité de Versaille de 1919, Europe. cliquer ici 

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