mercredi 14 novembre 2012

La Prière des Ruines

 

LA PRIERE DES RUINES

Aux villes martyres – Aux villages détruits
Mélodie de René De BUXEUIL
Poésie de Roland GAËL
(1917)







1

La nuit couvre la ville où passa la bataille
Plus de clocher, des toits brulés.
La lune se répand sur des pans de muraille
Grands fantômes démantelés
Sur l’étrange décor qui dans le soir sommeille
Soudain se lève la rumeur
Est-ce la voix du vent qui tout à coup s’éveille
Non… c’est tout un chant de grandeur

Refrain
La prière des ruines
Monte du fond des nuits
Au-dessus des collines
Parle au passant et dit
D’une ville prospère
Près des riants coteaux….
Regardez la misère
Qu’ont faite mes bourreaux.

2

Auprès d’un carrefour où le canon fit rage,
Abattant et nivelant tout,
Comme par un miracle en ce désert sauvage
Un calvaire est resté debout.
Le Christ au front penché plein de pitié regarde
Le chaos triste et dévasté,
On dirait qu’obstiné le rédempteur s’attarde
A prêcher la fraternité.

Refrain
La prière des ruines
Nous dit du fond des nuits
Par cette voix divine
Frères, soyez unis
Tout est noir et stérile
Où le bonheur vivait,
Ah ! de mon évangile
Hommes, qu’avez-vous fait ?

3

Mais à chaque printemps qui fleurit la nature,
Les ruines ont des nids d’oiseaux
Cité tu vas renaître et panser tes blessures
Regardant vers des temps nouveaux….
Bientôt tout ce qui chante et tout ce qui travaille
Entre tes murs va revenir.
Et déjà monte au bruit de la vie qui tressaille
L’hymne d’espoir et d’avenir

Refrain
La prière des ruines
Nous dit dans le soleil
Les lointains s’illuminent
Demain c’est le réveil.
C’est la joie qui va suivre
La fin des jours mauvais
Les hommes veulent vivre
Et travailler en paix.




Les terribles batailles au nord de la France, dans l’Aisne, la Marne, La Meuse,   ont laissé derrière elles, des champs de ruines, des villes meurtries, des villages détruits et jamais reconstruits. Dans ces lieux, où  l’enfer s’abattait chaque jour sur les hommes, il ne restait après-guerre plus aucune trace de ce qui avait été la vie.  Les soldats survivants retournèrent chez eux, des familles en deuil  attendirent  en vain le retour d’un disparu.  Les réfugiés  rentrèrent pour reconstruire. Mais il est des villages qui ne purent jamais se relever de leur cendre. Pour ne pas les oublier, des chapelles y ont été construites,  des villages voisins furent rebaptisés et se virent rattachés à un village détruit.  Ainsi Sommepy dans la Marne se nomme aujourd’hui Sommepy-Tahure.

Les chansonniers n’attendirent pas la fin du conflit pour écrire, parfois pour se rebeller comme dans « Les Sacrifiés » ou  « Chanson de Craonne »,  parfois aussi pour honorer, pleurer et encore espérer comme « la Prière des Ruines » que je vous propose aujourd’hui. J’ai trouvé cette partition sur une brocante à Lunel (34) l’été dernier.
René de BUXEUIL (1881-1959)
 Au moins 76 moissagais - inscrits sur le Monument - sont portés disparus, tués à l’ennemi ou mort des suites de blessures de guerre dans les départements de la  Marne, de la Meuse et de l’Aisne, dont 50 pour le seul département de la Marne.
              
                              
A lire :  
"Les 7 villages détruits de la Marne" Dossier de Jean Pierre HUSSON (cliquer ici)
"Les villages détruits (de la Meuse)" site perso de Christophe FLOQUET (cliquer ici)
Site Verdun-Meuse (cliquer ici)
"Ce qui persiste" Site perso - auteur ? - intéressant avec notamment une grande page de liens vers d'autres sites tous aussi passionnants (cliquer ici)

Vidéo
"Traces et fragments 14'18 - Regards d'hier et d'aujourd'hui sur les villages détruits de Champagne". (cliquer ici)
"Les 6 villages fantômes de Verdun" (cliquer ici)

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